Rodolphe Delaunay : Mesure pour mesure
Vernissage le jeudi 1er octobre à 18h
 Exposition du vendredi 2 octobre au jeudi 29 octobre 2009.

Rodolphe Delaunay est né en 1984, il vit et travaille à Paris.

Le titre de l’exposition de Rodolphe fait écho à la pièce de Shakespeare, pièce inclassable dont l’histoire s’articule autour de notion d’ambivalence et de contradiction.

 Rodolphe Delaunay est un raconteur d’histoire, c’est par son attention particulière, sa capacité à « prélever dans les plis du réel » qu’il est déclencheur de fiction. Proche de l’idée de mysticisme dans la possibilité de révélation, Rodolphe capte des signaux qu’il interprète ensuite et qui par l’opération de déplacement permet une relecture du réel. Ainsi, il met en évidence l’indicible de par sa disposition particulière, sa capacité à appréhender les signes, qu’il brouille ensuite pour créer des récits laissant planer le doute et ne se livrant que sous certaines conditions (angle de vue, temporalité, titre…).

Promenade au clair de lune est une installation réalisée en 2009, se composant d’un 33 tours d’une sonate de Beethoven (sonate n° 14 Op. 27, n° 2 dite au clair de lune), et d’un moteur de télescope. Le disque tourne à la vitesse vertigineuse d’un tour par jour, il n’est donc pas possible de percevoir le mouvement de rotation, de plus aucun son n’est perceptible. Une autre installation intitulée De la terre à la lune et retour, par un jeu de miroir, nous présente la couverture du livre de Jules Verne  portant le même titre, mais inversé. L’artiste nous permet donc un voyage lunaire et surtout nous propose d’en revenir. Rodolphe Delaunay manipule donc un ensemble de signes qui dans un contexte habituel ont une ou plusieurs significations formant notre champs de connaissance. C’est cette connaissance que l’artiste bouscule en instillant des éléments parasitant ; il déplace ainsi la certitude du spectateur vers une plus faible probabilité de lecture et donc de compréhension. Le hasard est une donnée importante dans l’approche du travail de cet artiste puisque la rencontre avec ces signes se fait de manière fortuite. L’ œuvre Sans  titre 2009, est une impression d’un document scanné dans un livre d’histoire de l’Art. Il s’agit d’un double page reproduisant deux tableaux de Vermeer. Le hasard du mise en page crée un lien supplémentaire. Le personnage du tableau de droite, un géographe regardant par la fenêtre, se retrouve finalement en train d’observer le dos d’une jeune femme en bleu. Par extrapolation, un lien amoureux se tisse entre ces deux personnages qui n’en n’ont en réalité aucun. Rodolphe Delaunay, tel un collectionneur, accumule une somme d’images mais aussi de savoirs qu’il détourne ensuite, lui permettant de remettre en question les systèmes de référencement. Ce savoir n’est plus alors qu’un matériau que l’artiste travaille en toute liberté pour y insuffler poésie et récit. Les œuvres résultants de ce travail sont des sortes de reflets , d’échos de ce qui existe déjà mais ayant fait l’objet de distorsions.

Yann Perol